Le jardinage pour la NeuroAtypie : leçon de vie et de bonheur
« Dans mon jardin, j’me sens bien, dans mon jardin je n’ai peur de rien, c’est le bonheur... » Cette chanson pleine de bonne humeur : https://www.youtube.com/watch?v=DJGxFoME7Gsa fait le tour de la planète. Cicéron lui-même écrivait que si vous possédez une bibliothèque et un jardin, vous avez tout ce qu'il vous faut. Et que conclut Candide après avoir fait le tour de la planète ? « Il faut cultiver son jardin. »
Candide était sans doute atteint de NeuroAtypie : persuadé que la réponse à ses problèmes se trouvaient ailleurs, dans quelque chose de nouveau qu’il n’avait pas encore exploré. Pour s’apercevoir que la réponse est en lui-même, dans ce jardin intérieur (notre âme) qui doit être connecté au monde extérieur (la nature) pour s’épanouir.
Le jardin a tout pour faire du bien aux NeuroAtypie.
1. C’est un travail physique, sensoriel, qui permet de faire taire le mental. A condition d’être présent par les 5 sens, par exemple : admirer les couleurs, écouter le chant des oiseaux, prendre la terre à pleines mains, respirer une rose, goûter une feuille de menthe...
2. C’est un travail d’extérieur qui permet de se connecter au rythme apaisant de la nature. Très bon le matin : la lumière naturelle, va stimuler la production de mélatonine, qui recale les rythmes du sommeil, et de sérotonine, favorable à la sérénité, pour éviter l’irritabilité souvent associée au NeuroAtypie. Très bon le soir : pour effacer les problèmes de la journée, et favoriser une nuit reposante.
3. C’est l’idéal pour récolter des légumes goûteux que l’on a envie de manger, sans pesticides toxiques : une alimentation riche en vitamines, bonne pour notre équilibre mental et physique.
Après, viennent les problèmes... mais nous allons trouver les réponses dans la permaculture, un ensemble de techniques agricoles qui est aussi une philosophie holistique : http://permacultureprinciples.com/fr/. Sa devise : « LE PROBLEME EST LA SOLUTION ».
Le jardin, leçon de vie pour NeuroAtypie
1. Premier défi du jardin pour les neuroatypiques, et première solution : faire les choses en temps et en heure. Pris d’une impulsion soudaine, vous avez envie de planter des salades là, tout de suite ? Bien, mais si ce n’est pas le bon moment, tant pis. Plantées trop tôt, les salades vont geler, plantées trop tard, elles vont monter en graine. Aujourd’hui les tomates sont mûres, mais vous avez la flemme de les ramasser ? Dommage, demain les oiseaux auront tout dégusté à votre place. Ils ne procrastinent pas, eux ! Le jardin nous apprend à observer notre environnement et agir quand c’est le bon moment. Applicable à toute la vie. Pour vous faciliter les choses, démarrez MODESTEMENT. Planter 6 salades au bon moment, c’est facile. Et ces 6 salades, une fois bien grossies, vous nourriront un moment. Alors faites UN PEU et AU BON MOMENT.
2. Deuxième leçon du jardin pour les neuroatypiques, la régularité. Utile pour les NeuroAtypiquesqui, avec leur mentalité de chasseur, aiment traîner, traîner, et mettre toute leur énergie d’un seul coup pour tout rattraper, grâce à l’adrénaline. Cela peut fonctionner pour préparer un examen, attraper un train ou rédiger un rapport. Avec des dégâts : travail de moins bonne qualité, stress, vie de famille en l’air... Le jardin, lui, n’a que faire de votre adrénaline. L’arrosage, le désherbage, c’est un peu tous les jours. Si les tomates sont mortes de soif, vous pouvez bien leur apporter 4 baignoires d’eau, elles ne vont pas revivre.
3. Troisième leçon du jardin pour les neuroatypiques, la patience. J’avoue qu’il m’est arrivé de semer, et de revenir le lendemain, impatiente : comment, il ne s’est rien passé ? Le jardin nous apprend à « repousser la gratification ». Cette intolérance à la frustration, c’est aussi une forme d’angoisse : les graines vont-elles lever ? Le jardin apprend lâcher prise, laisser fairela nature. Jardiner, c’est semer, et faire confiance. On apprend à le faire grâce au souvenir de ces énormes choux qui ont démarré par un petit plant chétif. Pour vous faciliter les choses, ne commencez pas par les carottes, qui lèvent si elles veulent bien, et jamais avant 3 semaines. Commencez facile : les radis et la roquette lèvent en 5 jours, les courgettes, les courges et les potimarrons donnent très vite de beaux gros plants.
4. Quatrième leçon du jardin pour les neuroatypiques : on peut survivre à l’échec. Vous aurez beau mettre toutes les chances de votre côté, vous serez toujours à la merci d’un printemps pluvieux / d’une gelée tardive / d’un orage de grêle / d’une attaque de mildiou / de limaces voraces. Jardiner, c’est apprendre à relativiser. Si vous échouez, ce n’est pas toujours parce que vous êtes nuls. Cela fait partie de la vie. Pour pallier à ça, les anciens disaient « ne pas mettre tous les oeufs dans le même panier ». Si vous ne plantez QUE des tomates, vous prenez un gros risque. Mélangez au moins 4 cultures différentes, il y en a bien une qui marchera. Et surtout, faites de la "méta-cognition" : chaque fois que quelque chose n'a pas marché, profitez-en pour vous demander : qu'est-ce qui s'est passé ? Quelle leçon vais-je en tirer ? Ainsi, vos échecs vous rendront plus fort. Magnifique !
Conseils pour débutants au jardin, NeuroAtypie ou pas :
- allez voir chez les autres : émissions télé (Silence ça pousse), forums Internet ou voisin, les jardiniers adorent donner des conseils et fournir plants et bon plans: profitez-en.
- démarrez petit. Réussir un petit jardin, c’est facile et c'est le bonheur total et absolu, à la porté de tous même en ville, même sur un balcon !
- démarrez facile avec des radis, salades, tomates, courgettes, courges, potimarrons, menthe, ou persil. Selon votre goût, achetez des plants au marché ou en jardinerie (bios de préférence, ils résisteront mieux aux maladies), ou faites des semis (plus dur mais plus drôle).
- faites votre compostou trouvez une source d’engrais naturel (club hippique, voisin qui a des poules...). Même en ville, on peut faire son propre compost avec un lombricomposteur d’appartement : http://www.verslaterre.fr/pg-30-mn-1-ssmn-39-titre-_Le_guide_de_selection.html
- protégez votre santé.Les jardiniers amateurs utilisent souvent plus de pesticides toxiques que les professionnels. Absurde ! Ces produits sont dangereux et inutiles. Si vous mélangez bien les espèces et choisissez des variétés adaptées pour le bio, vous n’en avez pas besoin. Et au pire, si les chenilles dévorent vos choux, est-ce si grave ? Mieux vaut les leur laisser que manger des choix empoisonnés.
- soyez créatifs, amusez-vous ! la neuroatypie déteste la routine, mais on peut jardiner de manière inventive,surtout grâce à Internet qui regorge d’idées farfelues. On peut jardiner sur des gouttières, dans des vieux pneus, ou sous des palettes. On peut récupérer l’eau de pluie, mettre un tuyau percé pour ne plus avoir besoin d’arroser, pailler pour ne pas avoir à désherber, mélanger fleurs et cultures pour faire un jardin et coloré, en profitant de la biodiversité qui va permettre aux plantes de se protéger les unes les autres. Et là, dans sa bulle, loin du monde cruel, la neuroatypie et son cerveau plein d’idées va pouvoir s’en donner à coeur joie...
- pour vous aider, vous pouvez vous inspirer de ma méthode de permaculture en bacs, particulièrement adaptée au NeuroAtypie et aux enfants (après tout, les NeuroAtypiquessont de grands enfants...) : http://www.laubeduchene.fr/jardin-bio-permaculture-colonies-vacances-sud-ouest/
Anne Gouyon est Ingénieur agronome, écrivain, coach, et psychologue en formation.
Merci Anne pour cette excellente leçon de créativité et de gestion de l'attention à travers le jardinage. Je rappelle que tu coaches les enfants, ados et adultes atypiques (dont NeuroAtypie) et que organises depuis plusieurs années de très bons stages pour les enfants atypiques, mais aussi les adolescents et quelquefois les adultes dans le Gers. ( Plus d'information à cette adresse : http://www.laubeduchene.fr/colonies-vacances-nature-sud-ouest )
RépondreSupprimerBravo Pascal, je découvre ton site pour les Adultes et je trouve cela fantastique ! Bises Beatrice Chelle
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